Sosh aime les Inrocks Lab

Sosh

C’est la onzième année consécutive que le « laboratoire de découvertes » des InRocKs réuni une multitude de jeunes talents de la scène française et ça se passait le week-end dernier. Reçus à La Gaîté Lyrique, sublime théâtre situé au cœur du 3ème arrondissement de Paris, dédié aux arts numériques et aux musiques actuelles, ce lieu allie beauté de l’Histoire – lorsque nous patientions dans le Foyer de l’Impératrice Eugénie et modernité – dans la salle de concerts. Les quinze lauréats ont bénéficié d’une demi-heure de scène chacun afin de convaincre le public, après avoir été auditionnés par un jury professionnel lors des open-mics – concept inspiré des scènes ouvertes des bars new-yorkais – dans non moins de douze villes à travers toute la France.

Parmi les 2000 candidatures reçues, le groupe Steamboat Woody, composé de trois amis complètement déjantés auditionnés à Toulouse, a eu la dure tâche et l’honneur d’ouvrir le bal ce Jeudi 29. Il aura suffit de quelques temps passés aux Etats-Unis, sans boulot mais avec son banjo, pour inspirer au chanteur du groupe un répertoire Country qui vous envoie tout droit dans les ambiances western de l’Ouest Américain… Un banjo. Une guitare et… une planche à laver ! Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour découvrir l’existence d’objets détournés en instruments de musique, puisque la washboard n’est pas une lubie moderne mais un instrument à part entière apparu à La Nouvelle-Orléans dans les années 50…

Après les cow-boys vint le « coup de cœur » de votre rédactrice pour cette soirée, et définitivement « coup de cœur number One » des quinze lauréats de cette édition du Festival. Lorsqu’ils arrivent sur scène, les quatre Nîmois du groupe Mofo Party Plan vous semblent de quatre lycéens gratouillant un peu le dimanche après-midi dans le garage de leurs parents. Mais méfiez-vous des apparences… Groupe de rock fondé en 2010, ce quatuor programmé aux Eurockéennes de Belfort et aux Francofolies de la Rochelle pour cet été (rien que ça !) nous envoie une claque monumentale dès les premiers accords, dès les premiers coups de baguettes, et dès que le chanteur-guitariste aux allures d’un jeune Patrick Stump (Fall Out Boy) sûr de lui, s’empare du micro.

André Manoukian en dit : « [ce groupe] vous fait penser qu’il y a décidément des ressources vives dans notre pays, et que nous avons enfin rattrapé notre léger retard en terme de rock’n roll et d’énergie. Ces gamins ont la pêche des Red Hot Chili Peppers, l’intelligence des Talking Heads, et vont chercher leurs riffs dans la meilleure période The Cure. » Le public entier est sous le charme, réagit et interagit. Lorsque le groupe annonce son dernier morceau, de nombreuses protestations se font entendre dans la salle. La Gaîté Lyrique est conquise.

Les Nîmois font ensuite place à un ovni tout droit venu de Haute-Savoie. Beny Le Brownies, rappeur de tout juste 20 ans, foule la scène parisienne, chemise à fleurs ouverte sur son torse nu, casquette et lunettes de soleil. Seul avec son DJ, et son micro. Des influences clairement identifiables de grands artistes du hip-hop ou du rap français tels que Oxmo Puccino, ou même encore le Maître Gainsbourg. L’audience des Inrocks, semblant pourtant plus axée « rock », écoute et sourit.

Feu! Chatterton prend le flambeau et enveloppe la salle dans une ambiance étrange et surprenante. Originaire de Paris, une touche de Bashung, une touche de New Wave, une touche définitivement barrée… Au vu de l’acclamation du public dès l’annonce faite par Abigaïl Ainouz – notre maîtresse de cérémonie – les spectateurs semblent être venus en nombre pour ces artistes. Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, Feu! Chatterton ne laisse personne indifférent.

Tout comme le dernier groupe clôturant la soirée : les Dirty Tacos. Seuls leur nom et le titre de leur EP : « Guacamole Gang » suffit à annoncer la couleur. Venu tout droit de la région Bordelaise, ce cocktail improbable – alliant hip-hop à une bonne dose d’humour, sans relâche – captive le public qui ne sait pas où il est tombé, mais qui ne cherche pas à s’en aller.

Le lendemain, même heure, même endroit, c’est au groupe sombre et charismatique Pop Indie Alpes – découvert à Nice – de lancer les festivités. Le chanteur, étonnant et détonnant, au look d’un jeune Woody Allen, envoûte la salle de son timbre berçant et hypnotique. Le bassiste, énergique et possédé par son instrument revisite la banane façon 50s. Tout comme les Mofo Party Plan de la veille, les looks les plus trompeurs sont révélateurs de grands talents. Coup de cœur de la soirée.

Originaire de Tours, le groupe Boys in Lilies, qui, comme son nom l’indique, est composé de… trois filles (et un garçon, aux platines), vient prolonger l’onirisme de l’instant. Une seule envie : s’allonger sur le sol de la salle, fermer les yeux, et se laisser porter par les mélodies aussi délicates que les voix de ces demoiselles.La qualification de « Dream Pop » est on ne peut plus exacte. Second coup de cœur de la soirée.

Nouveau groupe parisien du Festival, Radio Elvis vient embrancher le spectacle avec une voix qui n’est pas sans rappeler celle aussi lascive d’un Bertrand Cantat. Des textes et des guitares aux saveurs marines où l’on sentirait presque le parfum iodé au bout des cordes… Sur une falaise de Bretagne… les cheveux au vent.

La capitale est à nouveau à l’honneur avec le groupe Camp Claude, dont la voix presqu’ensorcelante de la chanteuse vous emmène au-delà des frontières, en pleine transe. Issue d’un mélange Franco-Américain pour cette photographe, et Anglo-Suédois pour ses compositeurs, cette collaboration Rock Garage semble répandre un nuage d’opium, ankylosant et euphorisant. Efficace et sensuel.

Le duo clôturant la soirée, simplement nommé Holy Two, formé il y a seulement un an par deux Lyonnais, un garçon/une fille, referme la marche dans une onde électro pop aussi aérienne. De la simplicité naît souvent la beauté, et c’est ce que nous prouvent ces deux musiciens de conservatoire. De nappes de synthétiseurs et de riffs de guitares minimalistes, d’harmonies en symphonies, mélancoliques et mystérieuses. Belle découverte.

La troisième soirée aura également proposé son panel d’artistes plus talentueux les uns que les autres : De la Rouennaise Tallisker – à l’atmosphère semblable à celle des Holy Two dans un tout autre type électro, rappelant une Emilie Simon à l’anglaise – aux Lillois pop Okay Monday – à la trempe acidulée 60s et 90s à la fois -, en passant par les Messins MWTE – Dreampop Electro pouvant rappeler Archive – à la déconcertante Juliette Armanet, – chanson française 80s-psychédélique – pour finir par le probablement benjamin de nos lauréats, Comausaure.

Originaire de Clermont-Ferrand, cet adolescent de 17 ans, compositeur depuis son plus jeune âge, cherche son inspiration électro progressive dans des sonorités gothico-new-wave telles que Bauhaus ou encore The Cure, rappelant déjà de grands noms de la nouvelle électro comme Kavinsky.

A noter qu’à l’issue du Festival, les 15 lauréats ont reçu une bourse de 1000 euros chacun afin d’amorcer un projet de leur choix (réalisation d’un clip, enregistrement d’un EP…) sur le site de crowdfunding KissKissBankBank. Les 5 finalistes sont : Feu ! Chatterton, Camp Claude, Beny Le Brownies, Radio Elvis et Juliette Armanet. Le coup de coeur du Festival revient à Comausaure.

Les 5 finalistes se produiront sur la scène du Trianon pour la finale, le 27 septembre.

http://www.lesinrocks.com/lesinrockslab/news/2014/06/revivez-les-concerts-du-festival-laureats-en-video/

Rédaction : Lilith

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