Voilà déjà plus de deux ans que l’on suit l’évolution de celle qui est devenue Clou. Moitié du duo Folk’U – que certains avaient découvert lors de la soirée Walkzine à la Favela Chic en octobre 2012 – Clou s’est lancée en solo… et comme elle ne fait pas les choses à moitié, elle s’est inscrite au radio crochet « On a les moyens de vous faire chanter » présenté par Valli sur France Inter, afin d’espérer conquérir le coeur du public et des membres du jury présidé par Didier Varrod : Pascale Clark (France Inter – Productrice de « Comme on nous parle »), Benoit Brayer (Responsable des événements culturels de la Fnac), Olivier Poubelle (Directeur d’Asterios spectacles), Alan Gac (Directeur de Cinq7), Michel Duval (Directeur de Because Editions) Zazie et Orelsan.
Ils étaient plus de 5 000 auteurs-compositeurs-interprètes à se porter candidats… Ils ne sont plus que 6… Et pour envoyer Clou en finale à l’Olympia, il vous suffit de voter pour elle : Votez pour Clou .
A la clé de cette compétition, l’enregistrement d’un album sur le label Cinq7 et un contrat avec le tourneur Astérios prévoyant une tournée composée au minimum de 25 dates… C’est à la Maison de la Radio que nous l’avons rejoint le temps d’une interview – alors qu’elle préparait son live pour la demi-finale – puis de quelques photos et d’une captation d’un extrait de son passage… Présentation donc de notre chouchou, j’ai nommé Clou.
Clou, alors que les auditeurs de France Inter te découvre au fil du radio crochet « On a les moyens de vous faire chanter », j’aimerais que tu nous présentes ton parcours musical.
J’ai grandi à Paris où j’ai commencé le piano à 5 ans, puis je suis entrée au Conservatoire du 20ème arrondissement en piano, solfège et chant. J’étais moyenne en piano et pas brillante en solfège! J’ai par contre toujours composé des chansons, d’abord pour l’exercice, pour le plaisir… et pour embêter ma soeur aussi! Mes premières chansons étaient humoristiques et pas du tout destinées à être chantées en public. D’ailleurs, l’idée était davantage source d’angoisse que d’amusement. C’est bien plus tard, en partant à New-York pour mes études, que j’ai eu envie de tenter l’aventure. Par défi! J’ai eu de la chance. J’ai vite rencontré des gens qui étaient enthousiastes, motivés et qui appréciaient ce que je proposais… Et ça a tout changé.
J’ai monté un groupe sur place, “Pig Pong”, et enregistré un album auto-produit. C’était un brouillon, une exploration artistique! En rentrant en France, je me devais de continuer sur ma lancée. “Folk’U” – né en 2009 – a duré quelques années et m’a permis de me confronter à la scène, mon talon d’Achille à l’époque… J’ai fait de belles premières parties : Rover au Rack’Am, Irma au Silo, pour ne citer qu’eux…. C’était très formateur. Avec le recul, j’ai conscience d’avoir mis un certain temps avant d’accepter la musique comme faisant totalement partie de ma vie. Mais c’était précisément le temps qu’il me fallait pour me faire confiance.
Tu développes donc le groupe Folk’U, mais malgré ton déclic à New-York, tu te caches encore de tes copines, allant jusqu’à refuser de leur donner les dates et lieux de tes premiers concerts ! …C’était par timidité? Par trac de croiser leur regard dans le public?
Timidité oui! Trac oui! Mais il faut comprendre aussi que mes premiers concerts en France étaient des essais, une sorte de formation artistique « devant tout le monde »! Du coup, je faisais profil bas au début. Et puis je suis d’un naturel plutôt discret. Parler de musique, jouer ses compos, c’est toujours très impudique et c’est quelque chose que je ne fais pas spontanément… Par contre, si on m’offre un verre, qu’on me questionne, qu’on me propose de chanter, là…on est parti pour la nuit!
Finalement on te découvre au Scop’Club, puis à la Favela Chic lors de la soirée Walkzine et quelques autres dates. Qu’est ce que t’a apporté cette expérience de la scène? C’est une thérapie face à la timidité?
Je pense que timidité et musique sont complètement dissociés chez moi. L’un n’empêche absolument pas l’autre. Ma timidité m’a légèrement empoisonné la vie quand j’étais petite et m’a fait perdre un peu de temps. Elle a aujourd’hui quasiment disparu. Elle ne m’a, en tout cas, jamais empêché de faire de la scène in fine. Elle m’a peut-être fait tourner autour du pot plus longtemps. Par ailleurs, je ne considère pas la scène et la musique comme des thérapies. Ce sont des moyens communiquer des sentiments, des idées, des sensations. La scène, c’est la musique sans filtre! Alors ça apporte du stress, mais du stress stimulant. Ça peut être beau et absolument fantastique.
Suite à l’arrêt de Folk’U tu reviens en solo et avant même d’expérimenter ce nouveau répertoire sur scène, tu t’inscris au radio crochet de France Inter. Pourquoi ce choix : C’était une évidence? un challenge? Pourquoi prendre ce « risque »?
Après l’arrêt de Folk’U, j’ai mis quelques mois avant de me résoudre à me lancer en solo. Et puis,un matin, en écoutant ma radio – oui, France Inter c’est MA radio depuis toujours -, j’ai entendu parler de ce concours, pour lequel il fallait envoyer deux chansons…et basta. Ni photo, ni facebook avec des “likes”, ni rien de plus. Je me suis dit que c’était comme une main tendue : Un concours d’auteur-compositeur-interprète où la selection initiale se fait uniquement sur la musique. Un luxe total. Une véritable opportunité. Une occasion aussi de se confronter à la réalité avec des pros. Je ne pouvais que tendre la main à mon tour et tenter ma chance.
Le jury a souvent mis en avant ton aisance, ton humour, ton interaction avec le public… certains oubliant même que tu es « novice » dans le métier. Le fait que tu donnes la sensation d’être déjà une artiste accomplie t’étonne? te stresse à l’idée de décevoir? te conforte dans l’idée que tu es faite pour ce métier?
C’est un peu tout à la fois. Cela me rassure en tout cas! Je me dis que les années de tremblote sur scène sont derrière moi! Mais j’ai encore pas mal de boulot pour devenir Bruce Springsteen, n’est-ce pas? Et c’est tant mieux parce que ça ouvre de belles perspectives. C’est la technique qui aide surtout à être à l’aise, plus on maîtrise son art, plus on peut en jouer et s’amuser… J’enfonce des portes ouvertes, je sais! … Les rencontres que j’ai pu faire aussi m’ont beaucoup aidées. Des artistes, musiciens, chanteurs, chanteuses, ami(e)s : tous distillent des conseils, donnent des clefs. C’est un métier où il faut écouter les autres, se remettre en question souvent, se planter… Pour garder la tête sur les épaules et se protéger, il y a l’humour. Ça aide à apprivoiser le stress aussi. C’est une arme formidable.
Parlons de tes compositions. Quel est ton process en terme de création? De quoi parlent tes textes?
Le process créatif est un mystère. Je sais que j’ai toujours en tête des mélodies qui se promènent et que parfois, par magie, elles sonnent pas mal alors je les chante à haute voix, avec une guitare la plupart du temps. Ça peut me tomber dessus dans la rue, dans le metro… Je sors alors discrètement mon téléphone et je m’enregistre pour ne pas les oublier… En général le texte vient en même temps et s’écrit à force de chanter et rechanter la mélodie. Mes textes parlent de mille choses différentes et je puise mon inspiration dans mes souvenirs, mes amis, mes émotions, la pop culture aussi!
Ceci étant dit, je crois savoir qu’en plus de ton talent musical, ta passion de la BD t’a amenée à dessiner… et qu’on peut trouver ta réponse à cette question toute en images, sur ton tumblr : http://cloumusic.tumblr.com/
Parlons de tes influences artistiques. D’ou te vient cette admiration absolue pour Paul Simon?
De l’enfance. J’ai écouté assez tôt Simon&Garfunkel dont les melodies travaillées et les arrangements archi-simples à deux voix me fascinaient. J’ai tout appris par coeur rapidement, tout chanté en collant mon oreille à mes baffles stéréo, avec ma meilleure amie qui faisait la voix de Simon et moi celle de Garfunkel … Et puis, en digne petite fille élevée avec Brassens et Renaud, j’ai eu envie de comprendre ce qu’ils racontaient! Alors j’ai traduit les textes… et découvert que Paul Simon était l’auteur et le compositeur de quasiment tout son répertoire. Ça m’a bluffé. En bonne obsessionnelle que je suis, j’ai écouté tous ses albums depuis. Je continuer de l’écouter régulièrement je le trouve toujours aussi brillant.
Si on te proposait un duo, quels sont les artistes avec lesquels tu souhaiterais collaborer?
Aaah! Collaborer avec des artistes! Je peux dire ce que je veux? … Je dirai Paul Simon bien sûr, même pour jouer des maracas sur son prochain album, je dis « banco ». Sigur Ros parce que je suis sans cesse éblouie par ses compositions et sa voix. Mais je rêve hein… En France, je dirai Tété dont j’avais acheté les premiers albums avant qu’il ne soit connu (Oui Madame!) et que j’apprécie beaucoup. Renaud pour mille raisons, Pauline Croze que j’aime beaucoup aussi, pour faire du Simon&Garfunkel sauce « girlpower » par exemple, sinon des reprises de vieilles chansons françaises avec Mc Solaar, ce serait dingue!
… On a plus qu’à te souhaiter bonne chance pour la suite !
Pour réécouter l’émission et VOTER POUR CLOU TOUS LES JOURS, PLUSIEURS FOIS PAR JOUR jusqu’au 14 juin et l’envoyer en finale, c’est par ici que ça se passe. On compte sur vous ! Votez pour Clou
Interview, photos & vidéo : Isabelle Pares
Une réflexion sur “Clou, Interview”