Retour sur le Mama Festival – Edition 2016

Imaginez une boite de chocolat Celebrations dans laquelle vous plongez une main innocente pour avoir la surprise de ressortir une douceur sucrée. Et bien le Mama Event, c’est exactement cela : plus de 120 concerts répartis dans douze salles de Pigalle et Montmartre. On entre, on écoute, on ressort ébahi et on continue. Ha, j’ai entendu bonheur dans l’assistance ? Définitivement oui ! Report !

DUOS QUI ENVOIENT

Pas besoin d’être quinze sur scène pour nous scotcher dans notre fauteuil. Preuve en est au Trois Baudet, endroit intimiste et feutré idéal pour accueillir Thus Owls. Guitare puissante d’un côté, voix charismatique de l’autre, le couple commence son live par une psalmodie des plus hypnotique, pour ensuite nous plonger dans son univers folk mystique, sous une douce lumière tamisée. Nous sommes en apnée, les yeux semis clos, comme engloutis par une aura enveloppante et chaleureuse, avec juste le son d’un mix au loin, entre tambourin, synthé, guitare et voix rauque. La reprise finale du titre Wicked Game, belle à en pleurer, conclue cet instant irréel où le temps était suspendu.

LEYYA, c’est chez Moune que nous les rencontrons. Malgré la timidité de la foule parsemée, les Viennois nous invitent à nous approcher pour profiter de leurs créations électro pop. On remarque de suite la synergie entre la bestialité d’une guitare omniprésente et une douce voix aérienne, qui agrémentée de beats électroniques, nous dessine les contours d’un monde à la fois vaporeux et ardu, planant et dansant, à l’instar de Superego ou du tube en devenir Butter.

PALME DES GROUPES QUI SE PRENNENT PAS LE CHOU (ET QUI ENVOIENT AUSSI)

Avouons-le, c’est complètement par hasard que nous nous sommes retrouvés à La Boule Noire, au fil de nos pérégrinations nocturnes dans Pigalle. Et là, bim, bam, on tombe nez à nez avec KIZ. Deux à la base mais quatre ce soir, les trublions nous font le show avec une mise en scène théâtralisée à souhait, tout en nous proposant des textes soignés en français s’il vous plaît, sur des instrumentations rythmées et joyeuses, notamment sur le titre Voyelle. Jolie surprise.

Une autre découverte pendant ce festival avec trois garçons bourrés d’humour et de talent, à savoir KEEP DANCING INC. Et ça se passe au Bus Palladium. On remarque ici une fan base déjà acquise et on comprend vite pourquoi. Proximité, proposition artistique et style vestimentaire improbable, la formule est gagnante. Quelque part entre le punk, le cold wave et le zouk, leur musique, savamment baptisée cold zouk justement, est un remède anti déprime à l’arrivée de la grisaille et du froid parisien, avec des titres qui donnent tout de suite la banane, Back against Yours en tête. En plus il nous invite à faire l’after avec eux dans un bar du quartier. Si on nous prend par les sentiments !

FEMMES JE VOUS AIME

Bien sûr, nous n’allons pas minimiser le rôle des hommes dans chacun des groupes cités ci-dessous mais il faut avouer que nous avons été complètement éblouis par le charisme et le talent des artistes féminines, chacune dans son genre.

MESPARROW d’abord. Contraction de Miss et Sparrow, ce nom lui va comme un gant tant la finesse de ses textes et la douceur de ses mélodies sont frappantes. Venue jouer son dernier album Jungle Contemporaine, que l’on qualifie sans équivoque de petit bijou poétique, la belle nous transporte dans un monde fragile et mélancolique, teinté de pointes électro minimalistes, nous plongeant dans un paysage froid mais bienveillant. Touchés par des titres comme Ne me change pas,  Ma flamme, ou du captivant Les écrans, c’est avec une pointe de nostalgie que l’on quitte le Divan du Monde et cette magnifique artiste qui nous a un peu chamboulés.

NOUVELLE VAGUE ensuite. Ce groupe à l’énergie communicative reprend des standards pour les transposer à la sauce bossa, tout en soignant l’esthétique de la scénographie. Et sa grande réussite est la présence de chanteuses douées, belles, dont la prestation nous en met plein la vue. Perchées sur des talons vertigineux et portant des robes des plus seyantes, on reste bluffés pour leurs fougues, notamment sur le titre I just can’t get enough, sifflets et tambours du Brésil en plus pour cette version revisitée. Public de la Cigale conquis, mission accomplie.

ROCKY enfin. Savant mélange entre house, rock et pop, le groupe lillois nous ambiance sans problème à l’étage du Divan du Monde avec les titres de leur 1er album et EP, la production étant signée par la moitié de THE SHOES dont la patte est ici reconnaissable. Ajoutez à cela une voix profonde et chaude et vous passez indubitablement une nuit parfaite.  On ne sait même plus où donner de la tête et du bassin, entre Apologize, Chase the cool, ou Band against the wall. Un coup d’œil sur la pochette de Soft Machine finira de vous convaincre du potentiel sexy et sulfureux de ROCKY.

SOURDS MAIS HEUREUX

En sortant de la Cigale, nous étions un peu sourds mais heureux. Parce que voir et entendre BIRDY NAM NAM, même délesté de DJ PONE, qu’on embrasse, ça reste une pure tuerie. Juste pour expliquer, cela correspond à rentrer dans une machine à laver en mode essorage, on en prend plein la tête, pas de répit, pas le temps de reprendre son souffle, et on en ressort séché ! Dance or die, leur dernier album, ne pouvait pas être mieux nommé. Ya-t-il un quelconque lien avec Pina BAUSCH et son fameux Tanzt, tanzt sonst sind wir verloren (dansez, dansez sinon nous sommes perdus) ? On dira que seul le résultat compte.

Et comme nous n’en n’avons jamais assez, nous avons prolongé ce moment et achevé nos tympans pour la soirée avec TAMBOUR BATTANT. Bien nous en a pris de finir à la Boule Noire, avec un live énervé et énergique, le duo distillant avec brio un mélange entre hip hop, house, et bass music. Baladés dans des univers lumineux puis sombres, puis industriels, bref, c’est l’orgie pour notre imagination et la fin annoncée des lives sans bouchons d’oreilles. Un moment intense, parfait pour se booster en cas de p’tit coup de mou.

On peut donc annoncer sans mentir que pour sa 7ème édition, le MAMA nous a sorti le grand jeu. Et sans avoir besoin ni de cotillons ni de feux de Bengale en plus. Car atteindre un tel degré de diversité et de richesse dans si peu de superficie, ça frise la magie. Merci, bravo et à l’automne prochain pour le Mama Event 2017 !

Rédaction : Anne-Lise Chrobot

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