Retour sur le Festival Fnac Live – Edition 2015

FnacLive2015Présent depuis 5 ans chaque été sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris, le Festival Fnac Live a mis les bouchées doubles cette année. Un sacré « name dropping » qui nous a pris par surprise en nous laissant sans voix. On vous laisse juger : IBEYI, DJANGO DJANGO, BAXTER DURY, MIKA, THE SHOES, pour ne citer qu’eux. Petit retour sur ces quatre jours.

JOUR 1

Notre première découverte sera IBEYI. Attente sur un bitume chaud bouillant, un rapide coup d’œil circulaire nous permet de constater que le parvis est bien rempli pour ce début de soirée. Soudain, deux voix angéliques et extrêmement harmonieuses capturent notre attention. Les deux sœurs avancent allégrement sur scène avec la fabuleuse introduction tirée de leur album éponyme. Deux facettes distinctes et pourtant complémentaires, l’une de blanc vêtue, l’autre de noir, l’une à la percu, l’autre au clavier, classes et accessibles. IBEYI, qui signifie jumelles en langue yoruba, nous embarque dans un imaginaire quelque part entre le continent Africain et Cuba. C’est assez doux, mais aussi très rythmé, et on ne résiste ni à River, ni à Ghosts. On écoute et on reçoit. Très beau et très touchant.

On reste dans le duo féminin avec BRIGITTE. Ambiance rococo disco avec palmiers, flamands roses et robes fendues en sequins, le moment de légèreté est là. Harmonisation de voix, mélodies entraînantes sur des paroles mordantes, quelques chorégraphies, la formule BRIGITTE est d’une efficacité redoutable. Entre la touche orientale funky d’Hier encore, l’entêtant Battez-vous, ou la version rap proche de la chanson original Ma benz, rien à redire sur ce moment de complicité partagé. Petit coup de cœur pour Cœur de chewing gum et son tambourin magique.

Nous voici au moment où RONE arrive et éclate notre bulle de savon. Seul sur son vaisseau spatial, il est indéniablement doué, très doué. Nous nous sommes un peu retranché mais cela ne nous empêchera pas de danser et de ressentir les vibrations, les basses et l’énergie lourde du producteur parisien. Adoubé depuis son album Tohu Bohu, dont le titre Parade résonne encore aujourd’hui dans nos oreilles, nous observons ses Créatures se mouvoir sur un écran derrière lui. Pendant que (OO) saccade notre respiration et que Bye Bye Macadam nous donne des frissons indécents, RONE reste d’une concentration sans faille. D’énormes ballons blancs à l’effigie de son dernier album flottent çà et là, les lumières de l’hôtel de ville s’éteignent. Et il ne reste plus que nous et sa musique. On n’en veut pas plus, ça tombe bien. Merci.

JOUR 2

Ce jour est dédié aux 10 ans du label BECAUSE MUSIC et la programmation fait baver d’envie : DJANGO DJANGO, SELAH SUE et la fameuse CHRISTINE AND THE QUEENS.

Arrivés sur les lieux, le constat est simple : nous ne pourrons pas avancer beaucoup vu le monde hallucinant, la faute ou grâce à Christine nous semble-t-il. C’est avec une frustration énorme et dans une chaleur étouffante que nous verrons que de très très loin DJANGO DJANGO. Et pourtant, nous avons une véritable admiration pour ce groupe écossais. Une petite pointe de tristesse donc de n’avoir que l’audio. Leur musique peut être définie comme un mélange entre du rock psychédélique et de la folk, avec une présence flagrante de percussions africaines et des tierces à gogo. Ecouter DJANGO DJANGO, cela s’apparente à une chevauchée fantastique. La distance imposée ne nous empêchera donc pas de profiter de cet instant : nous reconnaissons leur premier tube Default et on ne répond plus de rien sur Reflections, sacrée meilleure chanson de leur dernier album Born Under Saturn par nos soins. C’est simple, entre le synthé lumineux, le mini break cuivré, et les voix qui s’entremêlent et se séparent, on plonge avec eux sans hésiter…. Fantastique chevauchée…

Nous profitons de la vague de déplacement du changement de scène pour nous approcher et être en mesure d’observer SELAH SUE. Venue présenter son deuxième album Reason, la jolie belge impressionne par sa voix rauque et puissante. Alors que la nuit tombe sur le parvis, elle commence a cappella en backstage tandis que deux choristes arrivent sur scène pour rejoindre les musiciens. Elle apparaît soudain, cheveux blonds, blouse blanche vaporeuse, pantalon noir et hauts talons, simple et classe, sur Alive. Suivront entres autres les titres Alone, paradoxalement gai, Raggamuffin et sa pointe reggaeacoustique, ou encore Crazy sufferin style. Ses derniers mots avant de nous quitter : « I fucking love Paris ». Nous aussi on t’aime.

Voilà le peak time de la soirée, celle pour qui 35000 personnes se sont déplacées ce soir, la reine CHRISTINE. Le bien nommé Chaleur Humaine est de circonstance puisque sommes vraiment en train de fondre comme des petits glaçons au soleil. On peut dire qu’elle a fait pas mal de chemin : déjà présente sur le festival en 2012, où elle était seule avec son ordi, puis en 2013, accompagnée de danseurs et pailletée, la voici en 2015 tête d’affiche.

Scénographie calculée au millimètre, ambiance digne d’un songe d’une nuit d’été, le personnage affiné, très joliment entourée, l’amatrice de « voguing » se balade sur scène avec la gracilité d’un chat. Arrivée sur un jeu d’ombres et lumières sur le titre Starshipper, à la fois chipie et amusante, les festivités continuent avec Narcissus is back, l’un de ses premiers titres, Christine, repris en chœur par la foule, ou encore Loving Cup, qui clôturera ce deuxième jour dans une énergie galvanisante.

JOUR 3

Ce vendredi, on commence par JEANNE ADDED, qui sera une belle claque. Le groupe, exclusivement féminin, dégage une impression de puissance renforcée par une voix posée et rauque, une technique maîtrisée et un jeu de scène hypnotique. Cette violoncelliste de formation a décidé de se tourner vers un rock transformiste à plusieurs visages. On assiste à une prestation explosive sur A war is coming, intense et touchante sur Look at them, et le morceau Lydia, avec sa rythmique à la Factory Floor, confirme notre bonne première impression. A suivre, à suivre, à suivre.

Le joyeux luron BAXTER DURY enchaîne. Avec une désinvolture qui nous fait marrer, le dandy anglais, entre deux lampées de bière ou de whisky et des petits cris digne d’un animal en rut, nous fait le plaisir de chanter Isabel puis Claire, et aussi Happy Soup, en version plus rock que sur son album. Un homme et une femme en tutu et justaucorps blancs, portant d’énormes têtes de cygnes en papier mâché déboulent gracieusement des deux côtés de la scène, référence au volatile sur la pochette de It’s a pleasure. Deux coups de canons à confettis plus tard, Palm Trees et Pleasure en prime, le spectacle est parfait. On aime beaucoup la musique et les cabotinages de Baxter, qui d’ailleurs s’autoproclame président avant de partir.

Pour DOMINIQUE A, le bilan sera malheureusement plus mitigé. On a beaucoup de mal à se mettre dedans malgré des textes subtiles et poétiques. Le son et les balances ne sont effectivement pas au top, et nous peinons à entendre la voix du chanteur. Quelques beaux moments cependant avec le mélancolique Au revoir mon amour, et le doux amer Rendez-nous la lumière.

Les deux derniers artistes de ce jour sont THE SHOES et SUPER DISCOUNT 3/ETIENNE DE CRECY et nous piaffons déjà d’impatience.

THE SHOES dont le premier album Crack my Bones est une pépite, nous présente d’abord les chansons extraites de Chemicals, prévu en sortie pour fin septembre. Plus orienté clubbing, avec un budget Vijing qui a explosé, via des animations drôles et décalées (un poulet tueur ou des massacres de chatons mignons), certains titres sont déjà des tubes : Give it Away et son clip sur la transformation freaky de Mickael Jackson, ou Feed the Ghost, situé quelque part entre du trip hop, de la soul et du rap. Petit bug de démarrage sur People Movin, gros plaisir sur Stay the Same, et énorme clameur pour Time to dance et son refrain de cheerleaders. Au taquet pour danser.

Dans la même veine donc, ETIENNE DE CRECY et son projet SUPER DISCOUNT 3. Ce sera une heure de pur plaisir où on ne s’arrêtera pas de danser, Etienne étant le roi du clap ! Imaginez-vous dans une faille spatio-temporelle avec une musique disco funk agrémentée de vocaux sexys à souhait et d’énormes L.E.D multicolores qui vous attirent comme des papillons de nuit. Entre le sulfureux Hastag my ass, le gimmick entêtant de WTF, l’ancestral Prix choc, et le retour sur scène de BAXTER DURY sur Family qui annonce la fin de cette belle journée, on a beaucoup de mal à décoller et à retourner à la réalité. Encore un moment privilégié… On va finir par s’habituer !

JOUR 4

Pour les derniers concerts de ce festival qui gonfle d’année en année, nous irons voir IZIA et MIKA.

IZIA est définitivement une boule d’énergie. Assez proche de la scène, nous avons le plaisir d’apprécier son univers. Et qu’on aime ou pas sa musique, elle possède une personnalité et une attitude parfaite pour le live. Short en jeans, brassière à sequins multicolores, cheveux lâchés au vent, elle se démène comme un beau diable à courir à droite à gauche, prend la place de la cameraman et lui demande en contrepartie de chanter le début de sa chanson au micro, passe un message pour retrouver une petite fille perdue dans la foule, qu’elle imagine sur une licorne vomissant des paillettes, tout en assurant son live. Une vrai performance rock’n’roll en somme. La vague, titre de son album éponyme, retient notre attention pour ce jour. 

MIKA sera l’artiste qui éteindra le flambeau de ces quatre jours de festivités. Nous sommes ravis de voir ce chanteur à l’univers pop et coloré. Mais ce ne sera pas avant de se prendre une ondée orageuse de conséquence qui retarda même le début du concert… Pas bien grave, la bonne humeur et le sourire du compositeur pop britannico-libanais nous font vite oublier ce désagrément. On observe son beau déhanché sur Grace Kelly, on sautille en chantonnant sur le gourmand Lollipop, on reste béat sur la ballade Underwater, bien de circonstance, et Boom boom boom nous semble être le titre de l’été. Ce sera donc trempés jusqu’aux os, mais heureux que nous repartirons de ce splendide endroit, des souvenirs pleins la tête et des étoiles dans les yeux.

Rédaction : Anne-Lise Chrobot

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