Retour sur le Festival Les Inrocks – Edition 2014

Les Inrocks 2014

11 novembre – Oceaan / Woman’s hour / Lykke Li

Pour la 1ère date française du Festival Les Inrocks Philips de cette édition 2014, Walkzine s’est rendu au Casino de Paris, en ce mardi d’armistice.

Programmation plus qu’alléchante avec la charismatique Lykke Li en tête d’affiche… mais c’est l’anglais Oceaan qui nous éveille à la sensualité dans un premier temps. Ces morceaux, courts et éclairés, nous font voyager des Caraïbes à l’Asie, via des nappes synthétiques hypnotiques et des rythmes lourds et entêtants. Le public, encore dispersé, ne s’y est trompe pas et adhère à cet homme-orchestre et à son musicien, à l’omniprésence des cymbales ainsi qu’à la douceur d’une voix qui nous fait penser à James Blake... Ce fut court, mais intense.

La route à la rêverie suave est alors largement ouverte pour Woman’s Hour. Groupe anglais orienté pop aérienne, on reste dans le thème. Scénographie soignée, pyramides noires posées en accord avec le headband géométrique de la chanteuse Fiona Janes Burgess et de la couverture de leur dernier album « Conversations », les morceaux sont longs et planants et le jeu de scène organique. On voit immédiatement qu’une place de choix a été accordée à l’esthétique. Nous sommes de nouveau dans une invitation à l’évasion céleste, tout est extrêmement apaisant et agréable, exactement ce dont on raffole.

Et c’est dans cet état quasi extatique que la très attendue Lykke Li arrive sur scène. Si l’on doit qualifier en quelques mots ce live, ce sera sans hésitation : humain, entier et puissant. Tous de noir vêtus, Lykke et ses nombreux musiciens nous ont mis une jolie claque en jouant le répertoire de son album sorti en mai dernier « I never Learn », dans une ambiance brumeuse et un magnifique jeu de lumière. Aparté non négligeable, un coup d’œil circulaire nous indique que la plupart des personnes présentes sont des couples. Pas étonnant vu les ballades romantiques et à fleur de peau de la Suédoise. Tout comme Woman’s Hour, tout est très organique, ce qui rend ce concert très touchant et intime notamment sur des titres comme le poignant « No rest for the wicked », ou encore le fataliste « Never gonna love again ». Grosse ferveur pour le dansant « I follow rivers », repris a cappella par la foule. Avec beaucoup d’humour, la chanteuse nous annonce une happy song, « Love me like I’m not made of stone ». Petit couac cependant sur cette chanson coup de cœur, que Lykke coupera au milieu à cause d’une guitare mal accordée (si,si). Le morceau « Heart Of Steel » conclût cette première soirée des Inrocks et confère en passant, un statut de songwriter émérite à Lykke Li. En repartant, on remarque des couples qui continuent à danser, enlacés, inondés d’amour probablement. Soirée réussie donc.

  15 novembre – Feu ! Chatterton, The Acid, Nick Mulvey, Asgeir, Baxter Dury

 Alors là, on doit dire bravo. Oui, c’est vrai, ça coupe toute forme de suspense possible mais les bras nous en sont tombés en cette belle soirée à La Cigale. Dans l’ordre de passage : Feu ! Chatterton, The Acid, Nick Mulvey, Asgeir and last but not least Baxter Dury. Oui, on sait, c’est beaucoup à gérer d’un point de vue émotionnel.

 Feu! Chatterton, quintet parisien en circuit seulement depuis 2012, et déjà multi-récompensé, notamment par le prix du public ET du jury Inrocks Lab, est comme un ovni sur la scène française. Axé sur des textes poétiques qu’Aragon ne renierait pas, Arthur, le chanteur dandy, déclame ses phrases sur des instrumentations rock recherchées et percutantes. Ces 25 minutes sont un pur concentré de talent, avec des chansons phares comme « La malinche » ou l’invitation à une promenade dans les bois avec « La mort dans la pinède ». C’est avec une pointe de regret qu’on laisse le groupe partir au loin.

Le live de The Acid est aussi une expérience à part. Avec pour toile de fond des paysages lunaires et des supernovas, tout colle parfaitement à leur musique, à cette atmosphère aérienne, voire chamanique. La déconnection est totale, l’ambiance étrange, les basses assourdissantes, à nous en faire péter la cage thoracique et à en réveiller les morts. Nos voisins ont d’ailleurs soufferts sur le titre « Creeper » (véritable pépite) et pourtant, c’était la bonne surprise de cette soirée. La formule, pour faire simple : chuchotements soufflés aux creux de nos oreilles, beats lourds, cassure, envolée électronique et guitare électrique, sur certains titres. Une découverte, un véritable coup de cœur.

Avec l’anglais Nick Mulvey, c’est une tout autre ambiance. Plus orienté folk, le moment n’en est pas moins plaisant. Des sonorités sud-américaines mélangées à une voix digne de figurer sur la B.O d’« Inside Llewyn Davis », voilà donc la feuille de route. Plutôt pas mal. Le titre « Cucurucu », sorte d’hymne à la joie et à la liberté, remporte la palme de la ferveur du public ET la nôtre en passant.

 Lui succède Asgeir, cet homme à la voix merveilleuse et à la douceur réconfortante. Agé seulement de 21 ans, c’est pourtant avec une maturité déconcertante qu’il nous transmet l’authenticité et la pureté de son album « In the Silence ». Comme hypnotisés, c’est avec béatitude que nous écoutons cet islandais nous raconter son « Going home », avec une finalité plus électronique du plus bel effet, son dansant et souriant « King and Cross », ou encore son euphorique « Torrent ». Et on peut vous dire qu’il y a des fans dans la salle.

 Enfin, comme une cerise sur le pudding, voici Baxter Dury, le dandy décadent. Le cygne géant en figure de proue annonce déjà la couleur absurde de ce live. L’anglais arrive sur scène comme à la maison, dans un joyeux bordel entre ses musiciens sexys en diable. Avec cette voix rauque et cette attitude cabotine, difficile de ne pas être emballé(e)s. Entre deux titres, Baxter nous balance des sucreries, des minis-poupées gonflables, sert du whisky au premier rang, boit au goulot, en offre à ses compères, reprend une bière…tout en jouant les titres de son album « It’s a pleasure ». Un véritable show. « Pleasure » justement, et sa joyeuse ritournelle synthétique, « Palm trees », bijou sensuel d’un été indien, sans oublier le tube FM « Trellic », (de l’album« Happy Soup ») pour ne citer que ceux-là. Et quand la fin arrive, tout ce petit monde repart comme il était arrivé, tout simplement. Conclusion : c’était un« pleasure » partagé Mister Dury.

 Rédaction : Anne-Lise Chrobot

 

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