Lenny Kravitz l’a repéré il y a presque 10 ans déjà. Il a collaboré avec U2, Green Day, Eric Clapton, Jeff Beck pour ne citer qu’eux. Il était sur scène aux côtés de Madonna et Macklemore lors de la cérémonie des Grammy Awards à Los Angeles, en janvier dernier. Et il est régulièrement invité à se produire à la Maison Blanche, devant Michèle et Barack Obama. What else ?… A même pas 30 ans, Troy Andrews aka « Trombone Shorty » est celui que tout le monde s’arrache ! Il sera de retour en France le 18 juillet à Mèze, durant le Festival de Thau (34). Un concert à ne pas manquer… d’autant que pour rappel, Walkzine vous fait gagner des invitations ! En attendant, nous avions eu le plaisir de le découvrir au Bataclan il y a 2 ans, et l’honneur de le rencontrer en octobre dernier, lors de son show à l’Olympia, le temps d’une interview.
Troy, tu es originaire de la Nouvelle-Orléans – ville musicalement emblématique et chargée d’histoire – et tu as grandi dans une famille de musiciens. C’est une évidence, un devoir ou une pression pour toi que de faire perdurer en tant que musicien, cet héritage tant historique qu’artistique ?
Pour moi, faire de la musique était naturel. Je viens d’une famille de musiciens, j’ai donc naturellement commencé à jouer d’un instrument et j’ai continué. Il n’y avait pas de pression de la part de mon entourage. C’est quelque chose que j’aimais faire mais que j’aurais pu arrêter quand je voulais. Ce n’était donc pas un devoir… La pression vient seulement de moi-même à l’heure actuelle car je tiens effectivement à perpétuer cet héritage.
Tu joues d’un instrument incontournable dans le répertoire de la Nouvelle-Orléans mais qui est peu représenté en tant qu’instrument « leader » sur les scènes musicales, notamment en France. Te considères tu comme un ambassadeur du trombone, à travers le monde ?
C’est un instrument qui n’est leader nulle part ! ça n’est pas comme la trompette, le saxophone, la guitare, le piano… Le trombone est toujours relégué au second plan. Même à la Nouvelle-Orléans, la trompette et le saxophone sont probablement mieux représentés… Je ne sais pas si je dois me sentir comme un ambassadeur… Peut-être… Je pense qu’il y a plein de gens dans le monde qui n’ont jamais entendu du trombone. Je suis donc simplement heureux de pouvoir représenter cet instrument là où je vais. Influencer la jeune génération, faire en sorte que les jeunes le découvrent et faire que le trombone soit perçu comme un instrument « cool » !
Bien sûr, le trombone est déjà présent dans le rock et autres musiques, mais plutôt avec une image de « faire-valoir ». ça n’est donc pas seulement le fait d’être sur scène. C’est aussi le présenter, entouré d’un groupe. J’aime considérer que le trombone peut avoir la même place que la guitare. Quand quelqu’un comme Lenny Kravitz arrête de chanter et commence un solo de guitare, je pense de la même façon avec le trombone… même si le trombone n’est pas un instrument « leader ».
On ne peut d’ailleurs pas contester le fait que tu as le sens du show et que tu es une véritable bête de scène. D’où te vient cette énergie ?
De la Nouvelle-Orléans ! Sans hésitation. C’est vraiment un état d’esprit. Tout le monde ici est un « showman ». Tout le monde chante pour se divertir, joue de la « washboard ». Tout le monde est très impliqué, ça vient du coeur.
Parlons de ton album « Say That To Say This » qui a été co-produit par Raphaël Saadiq. Dans quelles circonstances a été créé cet album ?
Raphael et moi avons des amis communs. Plusieurs de ses musiciens viennent de la Nouvelle-Orléans. On nous a donc présenté, il y a quelques temps alors que je réfléchissais à ce nouvel album. Ça tombait parfaitement bien car je suis un grand fan de son travail, depuis longtemps. C’est un grand musicien mais aussi un producteur et un songwriter de talent. J’ai donc beaucoup appris de cette collaboration, des musiques venues de Californie. Il a grandi avec les musiques d’église… C’était très chouette pour moi, car nous avons des approches différentes et c’était une expérience très enrichissante.
Il y a sur cet album une collaboration avec le groupe « The Meters » sur une de leur reprise « Be my lady » (1977) – groupe qui s’est séparé avant même que tu sois né – Qu’est ce que ce groupe représente pour toi et en quoi c’était important pour toi de le voir se reformer pour cette reprise ?
C’est un groupe emblématique de la Nouvelle-Orléans. Ils nous ont tous véritablement influencés. The Meters à la Nouvelle-Orléans, c’est comme les Beatles ailleurs. Comme tout le monde ici, j’ai eu l’occasion de les écouter depuis toujours, mais je ne les avais vu que deux ou trois fois. Ensuite ils ont eu du succès chacun, séparément… Ils continuaient à jouer en live, mais ils sont retournés en studio pour cet album, alors qu’ils n’avaient plus enregistré ensemble depuis 40 ans. Le challenge était vraiment de les réunir et de les reconduire à nouveau en studio en tant que The Meters ! D’autre part, c’était également un vrai challenge parce que le groupe a lui aussi évolué durant toutes ces années, et je ne savais pas comment allait être accueilli mon travail… Se retrouver donc avec le groupe réuni le temps d’une session d’enregistrement était incroyable. C’était un véritable rêve pour nous tous… et le rêve est devenu réalité !
Maintenant que ce rêve s’est réalisé, quels seraient donc tes autres rêves de collaboration ?
J’adorerais me produire avec Jay Z, Stevie Wonder, Nine Inch Nails, Dr Dre…
J’aimerais que l’on parle d’un personnage incontournable dans ton parcours, il s’agit de Lenny Kravitz avec lequel tu travailles depuis 2005. Raconte-moi votre rencontre…
J’ai rencontré Lenny lorsque j’avais 18 ans. Je venais d’être diplômé. Deux, trois mois plus tard, j’ai reçu un coup de téléphone. Il m’a appelé pour une répétition à Miami… A cette époque, j’étais un véritable fan de sa musique ! On entend d’ailleurs clairement son influence dans mes compositions. Pour moi, collaborer avec lui et rejoindre son groupe m’a véritablement ouvert l’esprit, les oreilles, les yeux. J’ai retranscris ce que j’ai appris dans la musique venue de la Nouvelle-Orléans. J’ai également beaucoup appris du métier sur scène, en le regardant. Je ne sais pas quelle aurait été ma musique sans cette expérience… Il m’inspire vraiment et on discute ensemble, tout le temps. Pour moi, c’était un mentor puis au fil des années, on est devenu très proche. Il est comme un membre de la famille maintenant.
Pour finir, quel message souhaiterais-tu transmettre aux instrumentistes de ta génération ?
Pratique ton instrument. Reste fidèle à ce que tu es. Que le fait de jouer de la musique reste une passion. Ne pense pas à la célébrité, à l’argent et ce genre de choses. Si tu es passionné, la vérité se fera sentir dans ta façon de jouer de ton instrument et la musique deviendra ton passeport.

CONCOURS // Pour tenter de remporter des invitations pour l’une des soirées (16, 18 ou 19.07) du Festival de Thau 2014, il vous suffit de rejoindre la page Facebook et/ou Twitter de Walkzine et d’envoyer un mail (Nom, prénom, adresse email) sur walkzine(at)gmail.com, avec pour objet : Festival de Thau.
COMPETITION // To try to win free tickets for an evening (16, 18 or 19.07) at the Festival de Thau 2014, you need to join the Facebook and/or Twitter‘s Walkzine and to send an email (Name and email adress) at walkzine(at)gmail.com, with the object : Festival de Thau.
Tirage au sort : Le 10 juillet / Until the 10th July.
Interview : Isabelle Pares
Traduction : Cheryl Ruschke
Copyright Photo : Arthur de Tassigny / Instagram : Isabelle Pares
Remerciements à François Arveiller, Universal Music
3 réflexions sur “Trombone Shorty, Interview”