J’ai encore en tête le souvenir des affiches dans le métro annonçant le concert du Trio Joubran au Théâtre des Champs-Elysées, en mars 2011. Je n’avais pu m’y rendre et je le regrettais… J’espérai donc deux ans plus tard, pouvoir assister à leur show à l’Olympia… Retour sur leur prestation du 7 février 2013.
On peut déjà ressentir le charisme de ces trois frères qui constituent le Trio Joubran, à leur simple entrée sur scène. La démarche assurée, le buste droit, le regard fier… Fiers d’être à l’Olympia pour célébrer leurs 10 ans de carrière, fiers d’être les premiers à donner un concert palestinien dans cette salle mythique.
Le jeu de lumières rehausse tour à tour le blanc impeccable de leur chemise ou la couleur acajou de leur oud. Un film retraçant leur toute première prestation est diffusé. Deux percussionnistes tout de noir vêtus, accompagnent le trio. Trois toiles suspendues projettent leur visage et toutes les expressions qui s’en dégagent lorsqu’ils jouent. Les vers récités du poète Mahmoud Darwich défilent… Il n’en faudra pas plus pour écouter religieusement cet ensemble.
Leur joie d’être sur cette scène est communicative. Ils n’hésitent pas à nous faire part d’anecdotes tant familiales que sentimentales, mais la concentration est à son comble dès lors qu’ils attaquent un nouveau morceau. Epoustouflantes dextérité et virtuosité. Le flot de notes remplace la parole…
Ce soir là, je n’étais plus tout à fait à l’Olympia. Totalement happée par la beauté des mélodies, la chaleur du oud, la parfaite maîtrise instrumentale de ces musiciens, ayant presque le sentiment d’appartenir à ce peuple… jusqu’à ce qu’un des frères entreprenne de faire chanter le public sur la chanson « Ahwak » d’Abdel Halim Hafez… et soudain, je devenais « spectatrice des spectateurs ». Des mines réjouies, une émotion intense, un drapeau palestinien fièrement déployé non loin de moi, des « youyous » (célèbres cris que lancent les femmes du Maghreb pour exprimer leur joie) qui résonnent aux quatre coins de la salle…
Et comme pour mieux finir en beauté, un flûtiste et une troupe de onze danseurs folkloriques sont venus sublimer le concert en dansant la dabkeh.
Il y a de ces lieux mythiques, chargés d’émotion et d’histoire. Il y a de ces groupes mythiques, chargés d’émotion et d’histoire. Lorsque les deux s’unissent le temps d’une soirée, vous assistez à un moment de grâce, d’une rare intensité, qui restera gravé dans votre mémoire à tout jamais… Ce fut le cas de ce tout premier concert palestinien à l’Olympia, donné par le fabuleux Trio Joubran célébrant leurs 10 ans de carrière…
A noter la sortie d’un coffret à vous procurer d’urgence : lien
« Fondé en 2004, Le Trio Joubran est le groupe des trois frères Samir, Wissam etAdnan Joubran, héritiers d’une ancienne famille de luthiers de Palestine. Ce coffret célèbre leurs dix ans de carrière : les premiers albums Randana et Majâz, À l’ombre des mots avec le poète Mahmoud Darwich, un recueil à haute portée symbolique, la musique du film Le Dernier Vol réalisée avec Chkrrr qui est une collaboration exemplaire, AsFâr enfin l’album de la maturité, avec la voix de Dhafer Youssef sur deux titres et toujours les fameux rythmes de leur fidèle percussionniste Youssef Hbeisch. Pour parachever l’ensemble, un DVD permet de retrouver les musiciens à la fois dans leur intimité et sur scène, au sommet de leur art. »
Une immense merci à Simon Boichot de ParisMix et Zamora Productions.
Et si vous souhaitez découvrir ou réécouter d’autres joueurs de oud, je ne saurai que trop vous conseiller :
DHAFER YOUSSEF
ANOUAR BRAHEM
SMADJ