Rover. Voilà des mois que son album Aqualast tourne en boucle dans mes oreilles, faute d’avoir pu le voir sur scène. Juin 2012 : Le Festival Solidays est donc enfin l’occasion de le découvrir en live et de le croiser à l’espace presse… mais inutile de vous préciser, que je veux en savoir plus sur ce grand gaillard à la voix si troublante. Juillet 2012 : Mon accréditation pour le Festival Fnac Live validée, il n’en est pas moins sûr que je puisse l’interviewer. Le suspens reste entier… L’interview confirmée quelques minutes avant notre rencontre, c’est dans sa loge que Timothée se confiera… Présentation.
Est-ce que Timothée Regnier peut nous présenter Rover?
Il n’y a pas une grande différence. Rover c’est le nom de scène, le nom d’artiste. La façon de voir les choses, de réfléchir, de concevoir la musique, de vivre le quotidien… c’est pareil. Ce nom permet juste d’avoir une vision des choses un peu plus artistique, plus critique surtout sur soi-même et d’essayer d’ouvrir son filtre de sensibilité pour capter des émotions. Une source d’inspiration même si elle est inconsciente. Être un peu plus attentif à ce qui nous entoure. On a pas forcement besoin de voyager, ces choses sont parfois au pied de notre porte, mais la société a souvent tendance à nous le faire oublier. Est ce que Rover est un personnage ? Non. Je m’habille à la ville comme je m’habille à la scène. Je ne conçois pas Rover comme un déguisement. Par contre, c’est un nom de scène qui me permet de dire plus de choses que le sous nom de Timothée Regnier, souvent plus dures à avouer dans la « vraie vie ».
Pourquoi ce nom de scène ?
Il me plaisait. Je l’ai validé en cinq minutes au moment de commencer le projet quand j’étais en Bretagne, tout seul dans cette maison. Le mot me plaisait esthétiquement, phonétiquement. Il y avait un côté très ingrat, un autre noble. Les deux « R » qui bordent le mot et qui font écho à mon nom de famille. Son sens en anglais, « To rove » se rapporte au nomadisme, à l’errance… Puis les voitures anglaises. C’est un tout assez cohérent, je ne l’ai pas intellectualisé.
Tu es quelqu’un de physiquement imposant et à l’inverse, on sent dans ton interprétation une sorte de fragilité. D’où vient-elle ?
Je l’ignore… Je crois que ça fait partie de moi et c’est amusant de voir, à quel point on se découvre à travers un disque. Je vois des traits de personnalité même dans l’esthétique du projet. C’est une psychanalyse ! … mais il ne faut pas tomber dans l’extrême. Si mes parents se mettent à me demander « Comment va Rover? », je trouverai cela bizarre ! Ce qui est sûr, c’est que c’est un lieu d’expression qui me permet de voir qu’il y a une part en moi qui est romantique, une autre plus dure, rancunière… Des traits qu’on a pas forcement le temps de décortiquer au quotidien et que la musique permet de mettre à jour, parfois même en exagérant parce qu’on a besoin de les exprimer.
Au-delà de ton projet actuel, tu as des envies de collaborations artistiques à venir ?
Oui, bien sûr ! L’album est sorti il y a quelques mois à peine, donc pour moi c’est encore assez neuf. Je découvre encore beaucoup de choses. Là, on est en plein festivals. Je rencontre beaucoup de gens, dont certains que j’admire. Je suis toujours très ouvert aux collaborations. Je rêve de pouvoir écrire à quatre mains comme je l’ai fait longtemps avec mon frère. C’est une perspective qui m’enchante mais je n’ai pas de noms à donner, en particulier. Des artistes aux Etats-Unis peut-être… En France, ne serait-ce que dans le label où je suis signé, Bertrand Belin, Dominique A et puis Mathieu Boogaerts sont des artistes dont j’aime le travail… mais je ne sais pas si ça pourrait nous mener à collaborer !
Première partie d’Aaron à la Salle Pleyel en janvier, puis la Maroquinerie « Sold Out ». De nombreux festivals dont Solidays, où tu semblais particulièrement ému… Pour toi, toutes ces dates de concerts sont un aboutissement logique de ton parcours ou un cadeau inespéré ?
A chaque fois, je suis assez ému. Les concerts me… Il n’y a rien de logique. C’est une très grande joie, ça me remplit d’émotion et j’en tire des leçons au quotidien. Je me rends compte qu’en ayant été très sincère et honnête avec le disque, en se livrant réellement, les gens me le rendent au centième. La presse me le rend au centième. Je n’ai encore jamais rencontré de gens méchants, aigris qui auraient voulu du mal au projet ou à moi. Même dans la rue, les gens sont très « friendly », très doux et plein d’honnêteté dans le regard. Quand ils me disent « merci », on sent de la sincérité dans leurs yeux. J’aime bien ces fondations là, le développement de ce projet, qui est plus que musical… C’est un projet de vie. C’est très sain car je le vois grandir comme un enfant. Le quotidien d’un artiste est assez chargé, donc quand on se retourne, on voit ce que l’on a fait. De belles scènes, des choses prestigieuses dans le milieu de la musique pop moderne et qui font plaisir !
Quel est le programme à venir ?
Écrire de nouveaux titres. J’ai d’autres projets parallèles avec mon frère, dont Hausmann Tree, de la musique de chambre sur des textes d’un poète libanais. Des collaborations un peu secrètes aussi, des ateliers qui se préparent…
Un dernier mot pour les lecteurs de Walkzine ?
That’s all folks !
Copyright Photos : Cheick Touré
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