Alors que j’étais en week-end à Montpellier suite à ma semaine cannoise, j’ai eu envie de retourner à l’Opéra. D’une part parce que ça faisait une éternité que je n’y avais pas été. D’autre part, parce que j’ai travaillé avec l’Orchestre National et l’Opéra Junior de Montpellier, il y a de cela quelques années et qu’une représentation de la Petite Renarde rusée de Janacek était donnée à l’Opéra Berlioz, salle que j’adore ! Une émotion particulière et plein de souvenirs ont ainsi ressurgis, lorsque j’ai pris place dans mon fauteuil.
J’avais donc envie de vous parler de cette soirée, car bien trop souvent, l’Opéra – et par extension, la musique classique – sont considérés comme réservé à un certain public connaisseur et élitiste. On s’imagine également un défilé de fourrures au parfum de naphtaline parmi les spectateurs… mais si les plus réticents se décidaient à mettre les pieds à l’Opéra, ils se rendraient peut-être compte que cette image est dépassée !
Quel plaisir j’ai eu à voir des parents avec leur(s) jeune(s) enfant(s) et à entendre un papa dire à son garçon : « Tu vois ce soir, c’est comme si on allait voir un film au cinéma… mais tu n’auras même pas besoin de tes lunettes 3D puisque les personnages sont vivants ! » Une bien jolie comparaison.
Tandis que l’orchestre s’accorde, une jeune fille mimant une grenouille fait son apparition sur scène. Cet opéra, inspiré d’une bande-dessinée, raconte l’histoire d’une renarde capturée par un chasseur. Fûtée, elle arrive à s’échapper… et pendant sa fuite, rencontre un renard dont elle tombe follement amoureuse. L’Opéra de Janacek place ainsi les animaux au même rang que les humains. Tous parlent et ont des sentiments. Une sorte de Walt Disney avant l’heure, en somme !
La partition de Janacek a la particularité de ne comporter qu’une quinzaine de musiciens – on est loin du grand orchestre symphonique – qui sont ainsi tour à tour mis en valeur, et portent ensemble les voix des chanteurs. Le garde chasse incarné par Benoît Capt est captivant. La rousse incendiaire Hannah Medlam est une renarde tout aussi rusée que séductrice. Et les enfants d’Opéra Junior sont toujours aussi performants dans les rôles qu’ils interprètent, malgré leur jeune âge. La mise en scène – assurée par Marie-Eve Signeyrole – est moderne. Et les décors me rappellent étonnamment l’univers sombre de Dogville de Lars Von Trier.
1H30 de spectacle où défilent de nombreux personnages-animaux et où drame rime avec féérie. Alors plutôt que d’aller voir parfois de mauvais films au cinéma, tentez l’expérience de l’Opéra… Vous serez sans doute surpris !