C’est l’histoire d’un charmant garçon François et d’une jolie fille Lisa. Lui est musicien. Elle est comédienne. Une envie commune de s’exprimer en chansons les anime. C’est la naissance d’ Éléphant, un duo de pop légère et sucrée, que l’on ne se lasse d’écouter. Quoi de plus logique donc que de les rencontrer pour qu’ils nous parlent de cette aventure musicale, à l’occasion de la sortie de leur premier EP « Rien ». Rendez-vous est pris au restaurant Le Pachyderme, Paris Xe…
Éléphant, C’est qui ? C’est quoi ? Pourquoi ?
François : Éléphant c’est nous deux. C’est un groupe de pop française. C’est un garçon et une fille. Plein d’envies, plein de styles.
Lisa : C’est une fille et un garçon qui chantent en français.
Il y a pourtant une chanson en anglais votre EP…
L : C’est un peu « la » chanson en anglais et il n’y en aura pas d’autres. C’était justement une façon de nous moquer de nous-mêmes, parce qu’on ne sait pas chanter et écrire en anglais ! Du coup, comme c’est très à la mode, on s’est dit qu’on allait faire « notre » chanson en anglais.
F : On pourrait le faire, d’autres le font. Il y en a qui ont de ces accents… !
Comment décide t-on d’appeler son groupe « Éléphant » ?
L : C’est une équation entre nos deux prénoms, Lisa et François. On a jamais été grand, c’était donc une revanche de s’imposer par le nom.
F : On voulait un nom assez massif ! C’était plus original de s’appeler comme ça, que par nos deux prénoms.
François, mon petit doigt m’a dit que tu étais musicien classique de formation. Tu peux nous parler de ton parcours ?
F : Oui j’ai fait beaucoup de violon, dans plusieurs conservatoires. C’est encore mon métier. Je joue dans des orchestres, des opéras. Un jour j’ai eu envie de faire des chansons, Lisa est passée par là et on a commencé à écrire.
Tu as collaboré avec d’autres artistes ?
Oui, soit en tant que violoniste, soit en tant que guitariste, pianiste. J’ai joué avec Rodeo, The Do. Avec Orelsan, Moby. En ce moment, je joue avec Julien Clerc. Calogero aussi. Je fais pas mal de musique à l’image également. C’est un truc qui rejoint Éléphant, d’une certaine façon. Dans Éléphant, on essaie de créer des ambiances. On est pas seulement sur un ton de chanson, en se disant qu’on va faire un disque avec un cahier des charges. On essaie vraiment de varier les plaisirs, et c’est que je fais déjà un peu dans la musique à l’image. Poser un décor qui colle au visuel. Comme si c’était un film, comme si c’était un court-métrage, une carte postale.
Et toi Lisa, tu es comédienne ?
L : Moi j’ai une formation d’école de théâtre. Je suis dans une compagnie. On a joué à Paris, et en ce moment, on repète à Lyon. Au lycée, j’ai fait des études de cinéma. J’ai toujours évolué dans ce milieu, plus que dans la musique. C’est assez nouveau pour moi tout ça.
Tu as des auteurs ou écrivains de prédilection ?
Je suis très fan de la Nouvelle Vague, dont on s’inspire assez dans Éléphant. Je trouve que ça peut vraiment inspirer des histoires de chansons. Et en ce moment, je suis dans ma période Rohmer.
Quels sont les artistes qui vous influencent ? Ceux dont vous vous sentez proches ?
L : On a un peu de mal à répondre à ça, parce qu’on a pas d’appartenance précise. Y’a des chanteurs qui ont des pygmalions, des références logiques et toutes tracées. Nous pas du tout. Mais c’est vrai que moi, j’ai toujours aimé la chanson française.
F : Moi j’adore la musique anglo-saxonne. Toute la vague de musique canadienne. On nous dit souvent qu’il y a un titre qui fait penser à Arcade Fire. Y’a pas mal de groupes en français, par exemple le dernier album de Karkwa, que j’apprécie. Ils chantent en français et l’esprit est bon. Ça passe tout seul. Y’a pas un poids des mots hyper dur comme il peut y avoir dans la variété française comme avec, par exemple, Julien Clerc. Chaque mot est pesé et à son importance. A l’inverse, dans les chansons de ces groupes, on s’en fout. C’est la musicalité du mot qui prime plus que le contenu.
L : Matthieu Chédid est très fort pour ça !
F : On aime bien Joe Dassin, par exemple.
L : Joe Dassin, je suis sûre que s’il était encore en vie, il serait ultra branché. Un peu comme Adamo, qui revient. « Tombe la neige » d’Adamo, j’adore ! Je trouve que ça aurait pu être écrit maintenant.
F : Dutronc aussi. On a que ses titres fard en tête, mais quand on écoute toute sa discographie, c’est sensationnel. Il a fait quatre-vingt fois la même chanson, mais il y a des idées de production, de textes. C’est des choses dans lesquelles on peut se retrouver. Des chansons légères. On a une chanson qui s’appelle « Au fond » qui est une sorte de valse triste, qu’on a un peu plus prise au sérieux et des chansons un peu introspectives, sans pour autant véhiculer quelque chose de trop fort. Il y a un mélange de saveurs qui se retrouvent bien dans nos goûts musicaux. A la fin de « Au fond » notamment, j’ai piqué un thème de Tchaïkovski que j’ai réadapté. J’ai trouvé que ça collait bien.
Vous avez fait la première partie de Benjamin Biolay, d’Elie Semoun. Comment s’opèrent ces rencontres ?
L : Comme je ne viens pas de la musique, j’ai toujours été assez cool et détendue en parlant de mon projet. J’ai rencontré Benjamin, je lui ai filé le disque en lui demandant ce qu’il en pensait, lui suggérant qu’on pourrait assurer ses premières parties. Il m’a répondu qu’à Paris ça n’était pas possible, mais qu’en Province c’était envisageable. On a créé un lien avec sa manager qui nous a demandé de venir au Transbordeur à Lyon, pour deux concerts. C’était génial ! Ça c’est super bien passé avec le public. Je pense que le public de Benjamin est un public qui nous va bien. Ils sont très à l’écoute. Il y avait un silence pendant qu’on jouait alors que pour une première partie, c’est pas toujours évident. Ça reste un super souvenir !
Concernant Elie Semoun, c’est autre chose et c’est à l’opposé. Le public d’Elie il vient pour rire. Nous, on est pas forcement des chanteurs comiques. On est plutôt dans la poésie. Elie, je le connais parce que j’ai joué dans une petite annonce, dans son dernier dvd. Il voulait des premières parties musicales, donc je lui ai proposé. Il a adoré le disque et c’est comme ça qu’on a fait ses premières parties pendant une semaine au Trianon. C’était un vrai challenge. On a réussi à faire chanter le public tous les soirs. C’était un bonheur de jouer là, mais c’est vrai que c’était pas gagné !
F : Et surtout ça nous a vraiment préparé à notre véritable première date parisienne quelques jours après, aux Trois Baudets. C’était cool parce que faire des concerts à Paris c’est compliqué, pour faire venir les gens, etc. Là, c’était une bonne occaz’. On avait pas à appeler nos potes pour remplir la salle, c’était complet tous les soirs. C’était un super exercice. On était deux en plus, alors qu’on est rarement que deux sur scène. Mais on s’est rendu compte que nos morceaux pouvaient aussi bien marcher comme ça.
Un debrief du concert aux Trois Baudets ?
F : C’était super ! C’est une salle très spéciale. On est un peu au milieu des gens. On surplombe les gens et en même temps, les rangées de fauteuils montent très haut.
L : On était super heureux de jouer dans cette salle parce qu’à Paris il n’y a pas beaucoup de salles assises pour nous. En plus c’est une salle mythique. On savait qu’il y aurait du monde, des programmateurs.
F : C’était un peu « notre » date de sortie d’album, le concert qui clôturait notre mois de promo. C’était donc vraiment important pour nous. Le lendemain on avait d’autres dates qui tombaient, des programmations en festivals… C’est le début, le chemin est super long mais on a eu de bons retours !
Des envies de collaborations artistiques ?
F : Lisa elle, voudrait collaborer avec Babx.
L : Oui mais pas seulement. J’adore le travail Benjamin Biolay, ce qu’il a pu faire pour les autres, pour sa sœur Coralie Clément. Du coup, j’aimerai bien bosser avec lui. Le souci c’est qu’il adore les gens, il adore les artistes donc il dit oui à tout le monde, et du coup, il a trop de trucs à faire !
F : Pourquoi pas envisager aussi une chanson avec Andrew Bird. Mais j’ai pas forcement envie de travailler avec quelqu’un de célèbre, c’est plus une question de rencontre. Quelqu’un sur lequel on flashe, qu’il soit connu ou pas. Alors c’est sûr, bosser avec Beck ou David Bowie ça serait super, mais…
F : On espère des concerts !
L : On espère des partenaires aussi avec lesquels avancer dans l’histoire d’ Éléphant. Depuis deux ans, on fait tout nous-mêmes, en autoprod. C’est très intéressant, on sait ce que c’est, on sait que c’est dur et donc on aimerait faire un disque avec une maison de disques, avec des gens qui comprennent notre projet.
Il paraît qu’un Éléphant ça trompe énormément. Quel est donc le plus gros mensonge que vous ayez inventé ?
F : Euh… J’en ai plein, mais en trouver un intéressant… il faut que je réfléchisse ! Après c’est des choses personnelles, mais des trucs drôles à dire, je trouve pas. Non je mens pas beaucoup en fait, je crois. Juste un peu… comme tout le monde !
L : A part mentir sur mon âge en casting, je vois pas. Je dis que j’ai dix-sept ans alors que j’en ai dix de plus… C’est tout !
Un mot de conclusion ?
L : Écoutez notre EP. Venez nous découvrir !
F : A l’heure où on te parle, on a fait une petite boucle. On a fait tout ce qu’on pouvait faire à notre niveau, on s’est rendu compte que c’était très dur. Donc il faut rien lâcher et s’accrocher ! C’est une bonne leçon et on espère que ça va continuer !
L : C’est la jungle…Ça tombe plutôt bien pour un Éléphant !
Retrouvez-les sans plus attendre, ici :
Et en concerts les :
11 Mars sur France Inter / Emission le Pont des artistes
12 avril au Ninkasi kafé / Lyon
13 avril à la Menuiserie / Pantin
18 avril au Paradis artificiel / Lille
Photos : Fanny Leloup
Une réflexion sur “Elephant, Interview”